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Polarisation du marché du travail : Y a-t-il davantage d'emplois peu qualifiés ?

A travers différentes études menées à l’échelle internationale, la France est souvent perçue comme étant l’un des pays d’Europe où la polarisation de l’emploi est la plus marquée. Symbolisée par la fameuse « courbe en U », elle trouverait son origine à la fois dans la décroissance des emplois moyennement qualifiés, mais également dans la montée des emplois les plus qualifiés et des moins qualifiés. Ce constat laisse craindre d’un affaiblissement de la classe moyenne, d’une montée des inégalités et d’une panne durable de la mobilité sociale.

Une récente étude de France Stratégie démontre pourtant que ces affirmations ne sont pas tout à fait vraies. Si ces travaux font bel et bien état d’une érosion des emplois moyennement qualifiés, notamment depuis la crise de 2008, ils démontrent plutôt une stagnation de la part des emplois les moins qualifiés entre 1996 et 2017.

 Pour tenter d’appréhender la concentration de l’emploi aux deux extrémités des qualifications, France Stratégie s’appuie sur la nomenclature française des Professions et Catégories Socioprofessionnelles (PCS). Cette analyse démontre que depuis les années 1980, le marché du travail français connait une croissance sensible de la part des emplois les plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) et un déclin des professions de qualification médiane (ouvriers et employés qualifiés). En revanche, la part des moins qualifiés stagne.

 Néanmoins, en utilisant d’autres critères d’évaluation comme celui de la rémunération, l’institut observe que la part dans l’emploi des plus faibles rémunérations et des rémunérations médianes a diminué, à l’inverse des rémunérations élevées ou très élevées, « ce qui traduit une montée en qualification » pour ces emplois. France Stratégie souligne tout de même que cette mesure des qualifications par les salaires « ne tient pas compte de l’hétérogénéité salariale des entreprises ni de l’expérience des actifs ».

 Enfin, en mixant des critères liés à la qualification et au niveau de rémunération, France Stratégie dénote une stagnation des professions les moins rémunérées et considérées comme peu qualifiées. Les professions qui semblent décliner le plus fortement se retrouvent au milieu de la distribution des salaires (ouvriers qualifiés de type industriel ; employés administratifs d’entreprises). Les métiers de cadres salariés du privé progressent le plus fortement sur la période.

Si l’étude menée par France Stratégie fait plutôt état d’une stagnation des emplois de faibles niveaux de qualification, elle souligne cependant un recul récent des métiers d’employés dans le commerce et les services aux particuliers. Ces évolutions, si elles se poursuivent, pourraient signifier à terme une baisse de leur part dans l’emploi, ces professions étant en plus particulièrement affectées par la crise sanitaire et économique actuelle.

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